Magnifique encrier en racine d'if, bronze doré et patiné à sujet d'une vestale agenouillée drapée à l'Antique retenant deux cornes d'abondance à pampres de vigne formant godets à couvercles ajourés. Base rectangulaire en loupe ouvrant par un tiroir à prise mufle de lion en bronze, la base à doucine plaquée de laiton doré. 

Créer sous le Consulat, ce modèle d'encrier connut un vif succès et nous en avons identifié plusieurs exemplaires identiques ou tres proches avec quelques variantes, notamment avec des éléments en bronze doré supplémentaires sur la terrasse ou encore avec une base en marbre rouge griotte et non en placage (cf. notamment Collection Humphrey Whitbread, vente Christie's, Londres, 5 avril 2001, lot 384).
Cependant, les attributions des experts ne sont pas unanimes concernant l'auteur de ce modèle. Certains l'attribut à Pierre-Philippe Thomire(1751-1843), quand d'autres le confèrent à Alexis Decaix(1778-1811),y compris chez Christie's ou à plusieurs années d'intervalle deux modèles identiques sont tour à tour attribués à l'un et l'autre de ces deux grands bronziers.
Des recherches plus poussées tendent à démontrer que le dessin original ne provient pas des ornemanistes Percier et Fontaine, mais de Thomas Hope (1769-1831). Des gravures illustrées de la maison de Thomas Hope dans l'ouvrage Household Furniture and Interior Decoration qu'il publie en 1807 montre à plusieurs reprises des modèles similaires à cet encrier.
Ce dernier entreprit son Grand Tour entre 1787 et 1795. Très influencé par l'Italie, il le fut également par l'Egypte, notamment suite aux campagnes de Bonaparte et à la publication par Dominique Vivant Denon du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte en 1802. Il était également admiratif du travail réalisé par le français Alexis Decaix dont l'atelier était soutenu par le Prince de Galles, futur George IV.
D'ailleurs, en 1803, le prince de Galles, plus tard George IV acquit un modèle d'encrier identique qui fût  détaillé dans le grand livre illustré 'Jutsham' pour le contenu de Carlton House (H. Clifford Smith, Buckingham Palace, Londres, 1931, p. 203 et pl.236). Cet encrier acquis par le prince fût inscrit par l’orfèvre de la cour Thomas Garrard dans son registre du 21 juin 1803, comme 'un encrier d’if avec figure féminine en bronze tenant deux cornes d'abondance ’ (M. Levy, 'Taking up the Pen'', Country Life, 23 avril 1992, pp. 60-62).

Le banquier Perregaux, alors propriétaire de l'ancien hôtel de Mademoiselle Guimard en posséda également un exemplaire: "un écritoire en racine d'if à figure de femme à genoux et en bronze tenant deux cornes d'abondance"

Dans la vente des collections de Lors Elgin, grand client de Lignereux, figurait un encrier identique. vente Sotheby's Londres, le 12 juin 1992, lot 307.

D'autres modèles similaires :

https://www.christies.com/lot/lot-5615910

https://www.christies.com/lot/lot-6356578

https://www.christies.com/lot/lot-4120304

https://www.aguttes.com/lot/104638/13987614

Bien qu'il soit impossible de certifier une attribution de ce modèle à Alexis DECAIX ou Pierre-Philippe Thomire, cet encrier demeure une pièce d'exception issue du savoir faire d'un grand bronzier et réservé à une prestigieuse clientèle. 

Très bel état de conservation, une petite restauration ancienne sur un angle, usure de dorure sur le col d'une corne d'abondance. 

Époque Empire-Consulat, entre 1800 et 1805.
 
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